Roman écrit par Priss, Fantasy. En correction, sera publié sur le site.
La première scène, l’ère de la Vermine.
La légion est partie. Longtemps, Malais a pu apercevoir les nuages de poussières soulevés par leurs montures d’écailles, puis plus rien. Les traces laissées par les lézards géants ne sont toujours pas tout à fait recouvertes et restent ce soir les seuls témoins de leur passage. Tout au bout de leurs pistes, l’horizon s’orange au fur et à mesure que le soleil s’endort. C’est le moment qu’il préfère, celui où Sentinelle va pointer le bout de son nez. Les derniers rayons enfin partis, une main blanche se pose sur son épaule. Tous ses poils noirs se couchent sous sa pression. L’Urso frissonne toujours lorsqu’elle le touche.
— Ils sont partis ?
Il hoche la tête. Sentinelle soupire :
— Évidemment…
Elle s’assoit près de lui sur le rocher qui borne l’entrée de leur paradis, l’Oasis. Derrière-eux, des arbres, de l’eau, la fraîcheur toute la journée, devant-eux, du sable, des pierres, la chaleur extrême de jour ou l’air glacial de la nuit. Tous deux fixent l’obscurité comme pour déceler la présence de leurs camarades dans le lointain.
Une douleur lancinante se rappelle au bon souvenir de Malais, sa patte d’ours s’ouvre et se ferme. Ses articulations le font souffrir depuis quelques temps. Sortir ses griffes devient aussi pénible que d’utiliser ses mains ou de ses pieds. Bientôt, il ne pourra plus grimper sur les troncs des palmiers. Que fera-t-il alors ? A quoi-servira-t-il à la légion ? Que deviendra-t-il s’il se retrouve tout seul à l’extérieur?
— Personne ne te chassera d’ici.
Il se tourne vers elle. La brise du soir plaque ses cheveux blancs devant son visage mais ne parvient pas à cacher son regard. Ses yeux rouges le scrutent comme si ils pouvaient le voir vraiment. Malais sait pourtant qu’elle ne perçoit que les mouvements, d’aussi prêt, elle peut à peine distinguer les contours de sa silhouette.
Malgré tout, ces yeux-là démasquent souvent ses pensées. Elle approche encore sa main, cette fois pour toucher son museau velu. Malais observe cette main pâle qui tranche avec ses poils sombres. Après quelques caresses pour bien distinguer les traits de sa vieille face d’Urso, le bras blanc retombe le long de la tunique grise qu’elle porte.
Malais regarde distraitement cette peau trop fragile pour supporter le soleil. Quelques traces de cloques parsèment ses membres. Pour éviter ces brûlures, Sentinelle se terre dans le palais de terre séchée toute la journée. Elle se cache dans une pièce sans ouverture, noire comme l’encre des livres, une pièce où des lampes à huile se prennent pour des astres. Elle n’en sort qu’au crépuscule. Une vie dans l’obscurité permanente.
— Ce n’est pas une vie désagréable, Malais. La chaleur du soleil me manque parfois, c’est tout.
Elle lui sourit. Malais ignore comment elle peut toujours deviner ce qui lui trotte par la tête, un étrange pouvoir.
Dans un éclat de rire, elle se lève.
— Ça ne fonctionne qu’avec toi, Malais. Jamais avec Centurion en tout cas.
— Tu as essayé ?
Un sourire ironique aux lèvres, elle part vers le lac pour s’y baigner. Malais se lève aussi en jetant quand même un dernier coup d’œil aux alentours : tout semble immobile. Il flaire cependant le rongeur beige du désert qui s’agite sous un monticule de pierres pour trouver de la nourriture, ainsi que le serpent affamé qui glisse vers lui dans le sable. Rien d’inhabituel dans les environs. Pourtant quelque chose le taraude, une impression désagréable, il hausse les épaules puis s’enfonce dans l’Oasis pour préparer le repas.
Voilà des essais de couverture, laquelle vous préférez ? Je ne dessine pas c’est « I.A ». Je vous en écris plus dans un prochain article avec d’autres images. En attendant, je serai heureuse de lire vos avis en commentaires. Merci beaucoup !
©Priss